Les Alpes Apuanes : histoire d’un désastre environnemental
Je voudrais vous présenter ce sujet auquel je me sens particulièrement liée.
Les Alpes Apuanes sont un massif montagneux situé au nord-ouest de la Toscane, en Italie.
Malgré le nom, ils n’ont rien à voir avec les Alpes du nord qui confinent avec la France, la Suisse et l’Autriche.
Elles sont célèbre surtout –et malheureusement- pour leurs carrières de marbre, en particulier celles de Carrara.
Et c’est bien sur cet argument que je tiens à me focaliser, sur ce processus qui retrouve ses racines dans le passé et qui s’est de plus en plus dévéloppé jusqu’au jour d’aujourd’hui : l’excavation du marbre.
On touchera le sujet sous différents points de vue : en partant de son histoire, on poursuivra avec une brève estimation des effets positifs et négatifs que cela comporte, pour terminer en regardant un projet de reconversion du territoire au niveau touristique et agricole.
L’histoire
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Le premier peuple dont on est à connaissance s’installa sur les Alpes au IVème
siècle a. J-C. en descendant de la Ligurie (Ligures-Apuans)
Ils construisirent un système très organisé basé surtout sur l’agriculture et l’élevage.
En outre ils établirent des rapports commerciaux avec les villes les plus proches, notamment la ville de Pisa.
Environ au IIIème siècle, toutefois, cet équilibre fut dérangé par l’affrontement avec les Romains qui essayaient d’étendre de plus en plus leur domination.
Malgré la fierté et le courage des Apuans, la guerre termina avec une dure défaite et ils furent déportés ailleurs.
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Pour se rapprocher à notre sujet, il faut être conscients de l’importance du
marbre dans l’histoire.
Le processus d’extraction commença il y a plus de 2000 ans.
Le marbre était probablement utilisé pour la fabrication d’outils ordinaires et d’objets de décoration.
Dès que les Romains conquirent ces endroits, l’excavation décolla : on utilisait le marbre pour les constructions publiques et pour les maisons des patriciens.
Ensuite, avec la diffusion du Christianisme, il était destiné aux églises et leur déco.
Un autre célèbre exemple d’utilisation du précieux marbre de Carrara on le retrouve dans les sculptures de Michel-Ange, pendant la Renaissance, qui se rendait sur le lieu et choisissait personnellement le pièce qu’il lui fallait.
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voici une petite comparaison entre les méthodes d’excavation anciennes et celles plus modernes.
En origine les instruments employés étaient très simples et le travail était effectué manuellement ; la quantité de marbre nécessaire était, d’ailleurs, très limitée.
D’abord on cherchait les fractures naturelles de la pierre et on y enfilait un coin de bois qui était puis mouillé avec de l’eau pour qu’il se gonfle et qu’il aide le détachement du pièce.
Plus tard le Romains effectuaient des coupes dans la roche et avec des coins de fer il la frappaient plusieurs fois.
Ensuite, avec la découverte de la poudre à canon, la dynamite était le moyen le plus utilisé. Certes elle permettait de détacher grandes quantités de matériau, mais la plupart résultait ruinée.
En 1800, grâce à l’invention du fil hélicoïdal (trois fils d’acier tordus en forme d’hélice), on obtenait des gravures précises et rapides.
En fin on peut parler de fil diamant qui est celui actuellement employé.
En ce qui concerne le transport, au début, pour déplacer les pièces de marbre extraits, on les faisait rouler librement jusqu’au lieu d’embarquement. Il s’agissait d’un processus très dangereux qui fut bientôt remplacé par une idée plus élaborée selon laquelle on faisait glisser les pièces sur une sort de luge attaché à la montagne par des câbles.
Environ en 1920 et puis surtout après la guerre, voilà que le transport sur route devint dominant à travers des grands tracteurs et camions.
Pour et contre
Voyons maintenant les deux faces de ce processus : comme déjà mentionné, les carrières ont permis une énorme et précieuse production artistique dont on sait tous gré.
De plus elles sont été motif d’emploi pour plusieurs hommes pendant les siècles.
Par contre, le travaille humain a subi une forte baisse avec l’avent des machines et beaucoup d’ouvriers ont été renvoyés.
Par ailleurs le peu encore employés sont constamment en danger, soit pour le nombre d’accidents sur le lieu, soit pour la respiration perpétuelle des particules fines produites par l’extraction.
La pollution de l’air et des réseaux hydriques est, en effet, un autre grave problème conséquent.
Ce qui fait vraiment agiter le chiffon rouge est, toutefois, la dévastation du profile des montagnes et de l’environnement en général, qui devient de plus en plus rapide.
Il y a un autre aspect que j’aimerais faire ressortir ; est-ce que vous savez à quoi est destinée la plupart du produit extrait ?
Aujourd’hui les entrepreneurs ne bénéficient pas seulement de la vente du marbre, mais surtout et plutôt de celle de carbonate de calcium. Il est en effet une substance présent dans nombreux produits commerciaux, notamment le dentifrice, les collants industriels, les colorants alimentaires etc.…
Projet de reconversion
Pour éviter qu’une telle merveille de la nature soit réduite en dentifrice, les militants du groupe « Salviamo le Apuane » ( sauvons les apuanes) ont élaboré un plan de développement alternatif pour l’économie de ces régions.
L’idée générale est de mettre fin à la monoculture du marbre et de se rapprocher à ce qui était le rapport avec la nature dans le passé.
En quoi consiste ce projet? Voici quelques éléments clés:
1) Réalisation d’un processus qui garantie un travail alternatif à tous les employées des carrières (il durera plusieurs années et sera donc graduel)
2) Amélioration de la qualité du travail, de la sécurité et en conséquence de la vie des ouvriers et des habitants.
3) Définition de 3 différents types d’aire:
-AIRE 1 : lieux où l’excavation a été séculaire et qu’il faut mettre en valeur du point de vue historique ;
-AIRE 2 : lieux pas encore entièrement détruits par cette activité qu’on peut donc sauver en les reconvertissant au niveau naturel ;
-AIRE 3 : lieux pas encore attachés par la « folie excavatrice » qu’on doit valoriser sous l’aspect scientifique, économique et social.
4) Récupération, adaptation, construction de structures adaptes au service touristique (le Parc des Apuanes a déjà pris ce sentier en proposant plusieurs promenades guidées pour les plus sportifs ou pour ceux qui veulent se détendre et admirer la beauté du paysage).
5) Réintroduction des activités agricoles et du pastoralisme.
6) Retour à l’artisanat de qualité.
7) Développement des activités commerciaux en exploitant les ressources naturelles.
8) Création d’un intérêt scientifique pour le marbre sans forcement « manger » nos montagnes (attraction des étudiants sur le lieu p.e.)
Pour terminer, voici ma propre opinion : personne ne nous redonnera ce qu’on a déjà détruit en nom de l’argent et qui est sans doute un patrimoine naturel unique ; ne pensez-vous pas, alors, qu’il faille s’arrêter avant qu’il soit trop tard ?